37 Consessions abandonnées
Emelyn story
L’ange éploré qui orne la tombe d’Emelyn Story, au cimetière protestant de Rome, est l’œuvre du mari d’Emelyn, William Story, sculpteur américain, poète et critique.
Fils de Joseph Story, membre du Congrès et de la Cour suprême, William était un homme de loi apprécié à Boston jusqu’à ce qu’il abandonnât sa carrière pour devenir sculpteur. À la mort de son père en 1845, il lui fut demandé de sculpter une statue de la Justice en mémoire de son père. William Story partit étudier la sculpture en Italie afin de réaliser cette œuvre. Cette statue, terminée en 1853, se trouve actuellement dans la chapelle Story au cimetière Mount Auburn, Cambridge, Massachussets.
William et sa femme Emelyn vécurent à Rome, au Palais Barberini qui devint le lieu de rencontre des écrivains, musiciens, artistes anglais et américains de l’époque. Thomas Waldo et Julian Russel, leurs deux fils devinrent des artistes accomplis tandis que leur fille, Edith Marion écrivait.
Henry James écrivit la biographie de William Wetmore Story ; il rapporte ces mots de W. Story à propos de son épouse : « Elle était ma vie, ma joie, mon secours en toutes choses ». Henry James parle de « l’admirable efficacité » de Madame Story pour la carrière de son mari, de « sa présence, de son activité infatigable pour l’aider au mieux et le rendre le plus heureux possible ».
Emelyn Story mourut à Rome en 1898, à l’âge de 74 ans. William la suivit quelques mois plus tard. Ils reposent ensemble près de la tombe de leur premier fils Joseph.
André Chabot ne connaissait pas cette histoire quand il découvrit cette émouvante tombe, mais l’inscription « Emelyn Story » enflamma son imagination et l’ange éploré lui fit pressentir une tragédie. Il créa une installation intitulée « l’histoire d’Emelyn », où il joue sur l’ambiguïté de ce nom.
Il existe de multiples répliques de cet ange à travers le monde -photographiées par André Chabot -, à Cuba, au Portugal, au Mexique, au Luxembourg, entre autres.
Objets
Installations
Un rêve d’enfant
Le portrait de son maître
Le dernier voyage
Nécropoly
RÈGLES DU JEU
I. Le nécropoly consiste en tableau de marche divisé en 31 cases représentant des monuments funéraires et des pénalités, cases sur lesquelles doit se déplacer le corbillard de chaque joueur.
II. Le but du jeu est de progresser le plus rapidement possible à l’intérieur du cimetière afin d’être le premier à atteindre le luxueux mausolée de la case 31, marque ultime de la réussite sociale et garantie, au moins provisoire, contre l’oubli.
III. Les « défunts » – le terme n’engage à rien- choisissent chacun un corbillard et lancent les dés. Celui qui obtient le nombre le plus élevé commence.
IV. Les « défunts » qui arrivent sur une case Pénalité doivent se conformer aux instructions données. Ils passent leur tour, reculent du nombre de cases indiqué etc… Certaines de ces cases leur permettent cependant quelques initiatives personnelles.
V. Pour gagner la partie et trouver le repos éternel dans la case 31, objet de tous les phantasmes et de toutes les convoitises, les dés doivent marquer le nombre exact de points permettant de s’y arrêter. S’il marque davantage de points, le « défunt » devra reculer d’autant de cases avant de jouer, à son tour, à nouveau.
VI. Les « défunts » perdants sont inhumés dans les monuments de moindre importance sur l’emplacement desquels ils se trouvaient à la fin du jeu.
NOTA BENE : Toute ressemblance avec d’autres jeux enfantins – campagnards ou urbains – serait parfaitement fortuite, le NECROPOLY relevant, lui, des territoires de l’ au-delà.
La mort d’un mannequin
En laine ou en soie, en moire ou en paillettes,
l’idole filait un mauvais coton.
Un soir de présentation, étrangement maladroite, elle déchira son habit, vaguement distraite retourna ses chaussettes, brusquement affolée laissa ses bottes dans les coulisses, laborieusement empaquetée dans la robe de mariée défaillit au bras d’un inconnu vêtu de noir, s’allongea dans la poussière de sa loge et s’endormit en Chanel de sainteté.
Ultime trucage par Madame Thanatopraxie.
On ramassa son linge, on plia ses chemises, on ne lui laissa qu’une redingote de sapin.
Défilé privé.
Christian l’orna de boucles d’oreilles extravagantes, Jean-Paul se livra à quelque facéties, Yves pleura beaucoup, Karl fit une dernière photo.
Elle devint alors « ce je ne sais quoi qui n’a point de nom en aucune langue. »
A.C.